jeudi 22 mars 2007

La deuxième randonnée en chiffres

- Environ 1250 km: la distance parcourue à vélo depuis le début du second trajet, San Diego, jusqu'à Albuquerque.

- Quatorze jours, dont 13 passés sur le siège du vélo! C'est à peu près la même longueur que la première randonnée!

- Trois États traversés: Californie, Arizona, Nouveau-Mexique

- Mais j'ai l'impression d'avoir traversé quatre pays différents: 1) la Californie (1er jour), en continuité avec la Californie côtière parcourue avec Josée Nadia, 2) le désert (4 jours), 3) la montagne (2 jours) et 4) le plateau rocailleux... et rouge!

- 40 km: la journée la plus courte (demi-pause à Phoenix!); 138 km: la dernière journée, qui fut aussi la plus longue (à cause d'un détour touristique, mais aussi parce j'avais hâte d'en finir!

- ZÉRO goutte de pluie pendant ces 14 jours!!!

- Températures: entre 25 Celsius et... moins cinq!

- 2330 mètres d'altitude: record battu!

- 75 km: la plus grande distance sans dépanneurs, restaurants, commerces ou habitations!

- Trois métropoles: Albuquerque (Nouveau-Mexique), Phoenix (Arizona), San Diego (Californie). Quatre villes de taille moyenne (plus de 10 000 habitants): El Centro (Californie), Yuma et Holbrook (Arizona), Gallup (Nouveau-Mexique). Une multitude de petites villes.

- 29$: le prix du motel le moins cher, à Gila Bend (Arizona). Voisin d'un Best Western... à 100$! La différence entre les deux: pas de bain dans celui à 29$ (mais une douche), pas de micro-ondes (mais un frigo), pas de chaise... Tous les deux avaient une piscine... fermée pour l'hiver!

- Un restaurant à retenir: Apple Dumplin. La bouffe est bonne, mais le décor est excellent: comme si un designer fou avait pris tous les clichés du western et les avait rebrassés au hasard. Situé dans le minuscule village de Chambers (Arizona), sur le bord de la route 40, il est facile à manquer.

- Un détour à faire absolument: le Parc de la forêt pétrifiée.

Albuquerque vue du haut des airs. Traversée du Nord au Sud par le Rio Grande: les amateurs de Lucky Luke connaissent bien cette rivière qui, poursuivant sa route vers le Sud, constitue à un moment donné la frontière avec le Mexique!

Avions, vélos et mises en boite

Mon retour en avion n'a pas été, Dieu merci, aussi héroïque que celui de Josée Nadia. Parmi mercredi soir d'Albuquerque, je suis arrivé jeudi matin à Montréal, à l'heure prévue.

Mais le vélo a failli ne pas suivre! En faisant une recherche sur Expedia en fin de semaine dernière, parmi les vols disponibles pour le 21 mars, j'avais choisi US Airways. Trois vols: Albuquerque-Phoenix-Philadelphie-Montréal, 13 heures en tout (impossible de faire mieux, Albuquerque est une destination moins fréquentée que San Diego!)

Sauf que, à l'arrivée à l'aéroport d'Albuquerque avec vélo et bagages, au comptoir d'US Airways, on m'avise que... désolé, on n'a pas de boîtes à vélos! Ils n'ont même pas de sacs assez grands à fournir! (à l'aller, chez Air Canada, c'est dans de grands sacs que nos vélos avaient été glissés!). On m'invite à aller voir au comptoir de Delta: là non plus, pas de boîtes; la préposée s'avise de prendre le téléphone... et trouve une compagnie: United. Celle-là même avec laquelle Josée Nadia est repartie de San Diego, et qui lui avait effectivement fourni une belle grande boîte spécialement faite pour les vélos.

Et quelle boîte! Ceux qui ont déjà voyagé en autobus avec leurs vélos ont plutôt connu des boîtes ridiculeusement étroites, où les guidons dépassent, de même que le porte-bagage et le garde-boue, quand ce n'est pas le papillon de la roue! Avec les boîtes d'United, au contraire, vous n'avez qu'à enlever la roue avant, tourner le guidon à 90 degrés, et tout le vélo se glisse comme un charme dans la boîte. Le vélo a donc fait le voyage sur US Airways... avec une boîte United!

Par contre, je ne sais pas, pour les préposés d'US Airways... A l'arrivée à Montréal, la boîte était ouverte d'un côté, déchirée d'un autre... Encore heureux que je n'aie pas pris le risque de glisser une des sacoches à l'intérieur!

mercredi 21 mars 2007

Un cycliste à Albuquerque

Albuquerque. Enfin! Fini de pédaler. Arrivé dans la soirée du vendredi 16 mars, soit quatorze jours après le départ de San Diego, dont 13 jours passés à vélo. Ville de 900 000 habitants, la métropole du Nouveau-Mexique est intéressante à visiter, à première vue plus animée que Portland (ce qui n’est pas difficile!), en tout cas moins laide que Los Angeles (ce qui n’est pas non plus difficile, mais ce n'est que mon opinion, Josée Nadia diverge peut-être là-dessus!)

Et qu’est-ce qu’on voit ici, à Albuquerque? Eh bien oui, des crochets pour vélo au devant des autobus!

Dans une ville quatre fois moins peuplée que le Montréal métro et dans une région géographique autrement plus inhospitalière pour le vélo! Et ce, après Phoenix, et les autres. Et attendez, qu’est-ce qu’on voit 100 km plus au Nord dans la capitale, Santa Fe, qui compte à peine 95 000 habitants? Encore des crochets pour vélo!

On dort sur la switch à Montréal depuis 15 ans, ou quoi?

Incidemment, un billet d'autobus ne coûte qu'un dollar, à Albuquerque et à Santa Fe...

Albuquerque, donc. Pendant quatre jours, je me suis permis de musarder, n’utilisant plus le vélo que lorsque j'avais à changer de quartier (et lorsque les autobus-avec-crochets ne se rendaient pas!). Comme pour aller au Parc des pétroglyphes, ces dessins gravés dans la pierre par les Pueblos il y a 800 à 1000 ans...

Ou pour aller dans le "Vieux quartier" (Old Town).

Choisir entre Albuquerque ou Santa Fe? Les guides touristiques préfèrent Santa Fe (ainsi qu'une Française croisée à la librairie du coin, qui y habite depuis trois ans!). Le quartier historique de Santa Fe est indéniablement plus joli et plus varié, avec son architecture espagnole. Ce fut la capitale de la province espagnole du Nouveau-Mexique dans les années 1600 et 1700, ce qui explique, par exemple, qu'on y trouve l'emplacement (mais pas l'originale) de la plus ancienne église catholique d'Amérique du Nord (avant même la fondation de Québec).


Mais une fois sorti de ce quartier et de ses inombrables galeries d'art...

... on est dans un amalgame de banlieues typiquement américaines et de boulevards à centres d'achats.

En comparaison, Albuquerque a davantage à offrir au promeneur (ou au cycliste), sans être pour autant, loin de là, une grande ville frénétique.





Manif anti-guerre, le samedi 17 mars, jour du 4e anniversaire du déclenchement de la guerre en Irak...

Impression personnelle: Albuquerque m'a semblé une ville sympathique, ouverte sur le monde, plus attirée par la gauche californienne que par la droite texane, et qui fait de son mieux pour offrir une variété de services à ses différentes clientèles: étudiante, professionnelle, ouvrière, touristique. Mais la ville donne également l'impression d'être limitée dans ses ambitions, non par son conservatisme mais par un manque de moyens: elle est loin de tout. Au temps des Espagnols, Albuquerque était le bout du monde, c'est-à-dire une province du Nord, très loin de Mexico et sans importance; aujourd'hui, pour les Californiens, elle représente également le bout de la route: car continuer plus loin à l'Est, c'est s'engager dans les interminables Grandes plaines. En conséquence, l'ensemble du Nouveau-Mexique reste peu peuplé (2 millions d'habitants, dont 900 000 à Albuquerque). La-progressiste-Albuquerque fait de son mieux et ne s'en sort pas si mal...

mardi 20 mars 2007

Les Etats-Unis hispaniques

On le sait, ça revient régulièrement dans les nouvelles : les « latinos » sont de plus en plus nombreux aux États-Unis. On a beau s’y attendre, certains indices nous ont toutefois pris par surprise Josée Nadia et moi en Californie, et moi-même en Arizona et au Nouveau-Mexique :

-Les inscriptions en espagnol dans les toilettes de la gare d’autobus... dès Portland, Oregon. Les inscriptions en espagnol en de multiples lieux, lorsque la situation d’urgence le justifie (indications routières, santé, avertissements dans les transports en commun d'Albuquerque, etc.). Ou dans des cas qui n'ont rien d'urgent: dans la chaîne "Motel 6", le carton invitant le client à économiser l'eau de lavage en disposant les serviettes d'une certaine façon est bilingue... mais pas les instructions pour la télé. Et un cas inattendu: un contenant de lait embouteillé en Ontario s'est révélé être trilingue: anglais, espagnol... et français!

- Les inscriptions dans les deux langues de certains petits commerces, dans des quartiers périphériques comme celui-ci à Albuquerque.

- Les gens qui parlent espagnol dans l’autobus à Los Angeles. Dans la navette entre Gila Bend et Phoenix. À la gare d'autobus d'Albuquerque. Dans l'autobus entre Albuquerque et Santa Fe. Le vieux monsieur qui, à l'arrêt d'autobus à Santa Monica (banlieue huppée de Los Angeles), interrogé par Josée Nadia... ne parlait anglais qu'avec difficultés!

- Les employées qui parlent espagnol entre elles au restaurant et à l’hôtel, à Yuma, à Gila Bend et à Phoenix (Arizona). Ou avec le client avant moi.

-Le quotidien de San Diego qui consacre sa Une à une victoire du Mexique contre le Venezuela dans un match de soccer! Le soccer, à la Une d’un quotidien américain!!!

-Le cahier Night and Day du même journal (l’équivalent du cahier Sortir de La Presse) qui liste des événements culturels dans la grande région de San Diego... et à Tijuana!

- Parmi le bouquet de chaînes offertes par le câble en Arizona, au moins une demi-douzaine en espagnol.

- Un quartier de Phoenix où se concentrent tant de services, d’entreprises et de restaurants en espagnol qu’il est appelé « Little Oaxaca »

- Les inombrables restaurants et snack-bar étiquetés « mexicains », jusque dans les plus petits villages d'Arizona. On a dépassé de très loin l'époque où "Taco Bell" tranchait dans le paysage des fast-food!

-Enfin, cette « frontière » dans le désert qui m'a impressionné. Et ces huit rangées d’automobiles qui rentraient à San Diego, un mercredi soir à 21 h. En dépit de tous leurs discours sur les limites à imposer à l'immigration, les politiciens américains sont coincés. S’ils font quoi que ce soit pour limiter ce flot humain, c’est une légion de Californiens qui vont protester parce qu’ils ne pourront plus aller magasiner aussi facilement à Tijuana, en plus d’une légion d’Américains d’origine mexicaine naturalisés, et donc capables de peser politiquement. A quand un président des Etats-Unis hispanique?

Je ne sais pas à quoi ce mélange va conduire, mais il est certain que la « culture » américaine ne sera plus la même dans 20 ou 30 ans à cause de ce flux humain. Sauf qu'en ne parlant que d'hypothétiques législations sur l’immigration, les politiciens, et les médias dans leur sillage, ne font qu’entretenir l’illusion qu’une culture est statique, que celle qu'ils connaissent et chérissent sera toujours ainsi... A suivre... :-)

lundi 19 mars 2007

Le mélange des cultures

S’il y a une chose qui distingue le Nouveau-Mexique de l’Arizona, c’est que le mélange des trois cultures est censé y être plus fort encore : culture hispanique, culture d’origine britannique, et culture amérindienne.

Les Amérindiens, en particulier, y sont plus présents, si on se fie aux chiffres : les Navajos, à eux seuls, sont 175 000 en Arizona et au Nouveau-Mexique. En ajoutant à cela les autres nations, dont au premier plan les Pueblos, qui étaient là plusieurs siècles avant les Navajos, le Nouveau-Mexique se trouve à abriter la quatrième plus importante population autochtone des États-Unis -lui qui compte moins de 2 millions d'habitants.

Mais ces chiffres sont trompeurs. En réalité, dans les villes traversées (Gallup et Grants), de même qu’à Albuquerque, on les voit relativement peu, les Amérindiens... Certes, le touriste les remarque davantage quand ils sont itinérants ou mendiants. On en voit évidemment beaucoup qui, sur la grande place de Santa Fe ou d'Albuquerque, vendent des bijoux ou de l'artisanat « indien ».

Une curiosité: au restaurant de Gallup -la ville est à quelques kilomètres des limites de la Réserve navajo- se sont succédés en une heure, pour proposer des bijoux ou de l’artisanat aux clients attablés, une bonne dizaine de vendeurs amérindiens, jeunes ou vieux. Les autres clients avaient l'air de trouver cela normal.

Mais soyons juste: on remarque aussi des physionomies qui semblent nettement amérindiennes parmi les jeunes qui vont au cinéma ou sur le campus de l'Université du Nouveau-Mexique (Albuquerque).

Il faut dire que les Navajos constituent un État dans l’État : ils ont une force démographique (ils sont 88 000 sur la Réserve navajo) et un poids politique (c’est le plus grand territoire autochtone d’Amérique du Nord) que leur envient les autres nations autochtones.

Mais jusqu'à quel point y a-t-il un vrai « mélange » des cultures, plutôt qu'une séparation? Leur capitale, Window Rock, n'est qu'à une quarantaine de kilomètres de Gallup. J’aurais voulu visiter, mais à vélo, le détour impliquait une grosse montée. A Gallup, je m’informe donc : y a-t-il un autobus vers Window Rock? Une navette? Une visite guidée? Rien du tout. Une visite organisée vers le territoire navajo? Pas davantage.

La nation voisine, celle des Pueblos, semble avoir mieux compris. Non seulement existe-t-il, au coeur d’Albuquerque, un très beau Centre culturel Pueblo...

... mais il existe aussi, à une cinquantaine de kilomètres, un village, Acoma Pueblo, dont ils essaient de faire un détour touristique incontournable (en tout cas, ça a marché avec moi!). Et ils ont pour cela deux attraits en or : d’une, c’est un site perché au sommet d’un piton rocheux, dominant le paysage à 2000 mètres d’altitude. Ils l’ont rebaptisé en 2004 « Sky City ». De deux, c’est, peut-on dire, la plus ancienne ville d’Amérique du Nord : le site a été occupé sans interruption depuis un peu plus de 1000 ans.

Le village entretenu comme site patrimonial...





... la visite, le centre culturel et musée situé au bas de la colline, l'environnement à des kilomètres à la ronde...

C'est très beau et c’est débordant de bonnes intentions. Si ça marche, ça pourrait être un modèle pour ceux qui parlent de « rapprochements culturels ».

Il y a à Santa Fe, à l’Institute of American Indian Arts Museum, une exposition portant aussi sur ce thème. C’est dominé par de l’art contemporain, de sorte que chaque visiteur y prend ce qu’il veut, mais l’élément le plus frappant est ce portrait d’un jeune homme appelé Tom Torlino, un Amérindien photographié en 1884 au moment de son entrée à la Carlisle Indian Boarding School. Six photos semblables mais qui, suivant l’angle où on les regarde, se transforment en un des descendants contemporains de cet homme : un vieux monsieur au teint clair avec un chapeau de cow-boy, une femme d’âge mûr à la peau foncée, une enfant aux traits indiens plus prononcés... C’est une belle illustration du « mélange » des cultures, quoi que ce soit que ça veuille dire...

Le Nouveau-Mexique est rouge!

Ce titre ne réfère pas à un parti politique. Mais aux pierres. Aux rochers. Aux pics et aux montagnes qui se sont profilées continuellement à l’horizon pendant les trois dernières journées d’autoroute au Nouveau-Mexique, jusqu’à Albuquerque. En fait, n’eut été de ces montagnes "rouille", l’autoroute aurait semblé bien plus longue.


Deux détours possibles, parmi d’autres : le Red Rock State Park (Parc de la roche rouge). Et la ville d’Acoma Pueblo. Parlons du premier et réservons le second pour le message suivant.

Le Red Rock State Park. Un parc relativement petit, à la sortie de la ville de Gallup, presque un parc municipal avec un terrain de camping (ce dernier était fermé pour l'hiver, ce 15 mars!). Mais tout de même assez grand pour offrir une randonnée pédestre de quelques kilomètres dans un environnement où on se sent tout à coup minuscule.





Et puis, on reprend l’autoroute. On a beau dire ce qu’on veut contre les autoroutes, elles ont un avantage dans ce parcours : on y fait plus de kilomètres, plus vite! Parce que le relief est relativement plat, mais aussi parce que, comme le cycliste a une grande portion de la route pour lui tout seul, il n’a pas à continuellement surveiller ses arrières.


Au passage, on traverse sans s'en rendre compte (j'ai oublié de prendre une photo du panneau!) la "division continentale" (continental divide), c'est-à-dire la crête des montagnes qui marque, de l'Alaska au Mexique, la division entre les zones hydrographiques du Pacifique d'un côté et du Mississipi/Baie d'Hudson de l'autre.

À l’horizon, le Mont Taylor, plus de 11 000 pieds (3200 mètres)! Celui-là, je suis bien content d’en passer loin!

Un détour loin de l’autoroute est l’occasion de se rappeler qu’il y a de la vie en-dehors des automobiles...

Et enfin, après une dernière journée de 138 km (mais due à un détour à saveur historique!), après quatre journées totalisant plus de 300 km sur l’autoroute 40 ou dans le même axe qu’elle, enfin, l’objectif final : Albuquerque!

samedi 17 mars 2007

Deux ou trois choses sur le Nouveau-Mexique

*** Je blaguais sur le fait de n’avoir pas vu de Road Runner dans le désert d'Arizona —ni de vilain coyote, incidemment. Or, qu’apprend-je à mon premier jour (14 mars) au Nouveau-Mexique? L’emblême aviaire du Nouveau-Mexique est... le Road Runner!


*** En passant de l’Arizona au Nouveau-Mexique, on change encore de fuseau horaire! J’ai donc, pour la deuxième fois en 10 jours, avancé ma montre d’une heure. Je n’ai plus qu’une heure de retard de Montréal, je me rapproche!

Toutefois, il faut dire que ce "retard" ne durera pas: cette année, pour la première fois, la presque totalité des États-Unis sont passés à l’heure avancée trois semaines plus tôt que d’habitude. De sorte que lorsqu'au Québec, on va à notre tour avancer nos montres (c'est pour quand, au fait?), on aura à nouveau deux heures d’avance sur le Nouveau-Mexique.

*** Le gouverneur Bill Richardson a signé mardi dernier, 13 mars, une loi faisant du bolo... la cravate officielle du Nouveau-Mexique! Ben coudonc.

Le terrain plat des Rocheuses (suite)

QUATRIEME (ET DERNIERE) ETAPE: LE PLATEAU (suite)

13 mars: De Holbrook à Chambers, Arizona (incluant le détour par la Forêt pétrifiée): 116 km
14 mars: De Chambers (Arizona) à Gallup (Nouveau-Mexique): 75 km
15 mars: De Gallup à Grants (Nouveau-Mexique): 100 km
16 mars: De Grants à Albuquerque (Nouveau-Mexique), incluant un détour par Acoma Pueblo: 138 km

D'abord, un regard général sur ces quatre journées à plus de 1600 mètres d'altitude:
- Trois types de paysages dominants: les montagnes arides couleur rouille, les montagnes semi-arides parsemées de quelques arbres... et les champs de foin!


- Un type de route dominant: l'autoroute! Une autre route, moins dominante: la mythique route 66. Elle était davantage présente dans les... boutiques de souvenirs!


- Un seul type de température: le ciel impeccablement bleu.
- Un bémol: la température extrêmement froide tôt le matin.

En plus, je change d'État! Après une semaine passée en Arizona, voici la "frontière" du Nouveau-Mexique.

Albuquerque, objectif final de mon itinéraire, est la métropole du Nouveau-Mexique (modeste métropole: 900 000 habitants).

Un mot sur cette "mythique" route 66. J'avoue que j'ai du mal à comprendre pourquoi elle est aussi importante dans la "mythologie" américaine. D'accord, ce fut, longtemps avant "l'invention" de l'autoroute, la première à permettre aux automobiles de traverser les USA. Mais cela n'a dû durer que, quoi, 20 ans, 30 ans? A ce compte-là, la route des chemins de fer a dû avoir une influence beaucoup plus grande, sans parler de celle des pionniers et des diligences!

Que reste-t-il de la route 66? En certains endroits, ce n'est plus qu'un souvenir. Ailleurs, l'autoroute suit l'ancien tracé. En quelques occasions, c'est la route secondaire parallèle à l'autoroute, ou bien c'est la "Main Street" de certaines villes. Et les magasins de toutes sortes incorporant le nom "66", pullulent. Est-ce que cela vous émeut de savoir que j'ai roulé sur la route 66? C'est bien ce que je pensais... :-)

Anecdote révélatrice de cette civilisation de l'automobile: à la sortie du magnifique Parc national de la forêt pétrifiée, dans la boutique de souvenirs (très belle, au demeurant), il y avait autant d'espace consacré aux souvenirs à l'effigie "Road 66", que d'espace consacré aux souvenirs relatifs aux arbres pétrifiés, aux dinosaures, aux fossiles et à l'art amérindien réunis!

Coucher de soleil à Gallup, Nouveau-Mexique, une ville de services étirée sur une dizaine de kilomètres le long de la route 66 et du chemin de fer

vendredi 16 mars 2007

La foret des arbres de pierre


Que voyez-vous sur cette photo? Des billots de bois? Bravo!

Mais avec une caractéristique étonnante: ils sont durs comme de la pierre. En fait, C'EST de la pierre.

Il y a 225 millions d'années, avant même l'apparition des dinosaures, alors que les continents actuels n'en faisaient qu'un, la région où je me trouve était au niveau de l'équateur. Il y poussait de très grands arbres, capables de concurrencer nos séquoias. Au gré des bouleversements sismiques et volcaniques, ces forêts ont disparu, comme le reste, mais une petite proportion des arbres a survécu jusqu'à nous: enfouis sous une couche de cendre ou de boue, l'eau s'est lentement infiltrée dans leurs milliards d'interstices, évacuant peu à peu toute matière organique.

Ce que je décris là est banal: c'est le processus de fossilisation que nous connaissons pour les ossements. Mais avouez qu'on n'est guère habitué de le voir pour les arbres! Et pourtant, au bout de ce processus, tout comme l'os de dinosaure est devenu semblable à de la pierre, l'arbre est devenu, littéralement, une roche.

Dans cette région de l'Est de l'Arizona, on trouve des millions de ces vestiges, allant du caillou qui tient dans le creux de la main jusqu'à des troncs d'arbres pratiquement complets. Et la plus belle partie de ces vestiges est devenue un Parc national: le Parc de la forêt pétrifiée. C'est un détour absolument fascinant.


A travers une route d'une trentaine de kilomètres, traversant le Parc du Sud au Nord, on croise des choses qui réjouiraient le coeur des amateurs de géologie. Les photos ne lui rendent pas vraiment justice.


Et ce n'est pas tout: ce parc national constitue en fait trois parcs en un. Bien que la partie la plus importante, incluant le centre d'interprétation (où il est aussi question de dinosaures: les paléontologues découvrent dans cette région de nouveaux fossiles pratiquement tous les mois!) et quelques sentiers pédestres, soit consacrée aux arbres pétrifiés, une petite section permet de voir de près des pétroglyphes, ces dessins dans la pierre attribués aux Indiens Pueblos qui vivaient ici dans les années 1300-1400 (cliquez sur la photo du haut pour voir les pétroglyphes).


Enfin, entre forêt et pétroglyphes, les mêmes phénomènes qui ont donné aux arbres pétrifiés leurs profusions de couleurs ont été à l'oeuvre dans le paysage.

A ce titre, les "falaises peintes" figurent dans une catégorie à part: ce sont des falaises qui virent littéralement du rouille à l'orangé suivant l'orientation du soleil.


Bémol: dans cette civilisation de l'automobile, on n'a manifestement pas pensé au cycliste (ou au piéton). Depuis Holbrook, la ville la plus proche, il n'existe ni autobus ni navette conduisant jusqu'au Parc. Le cycliste doit donc se taper 30 km pour aboutir à l'entrée Sud (je recommande personnellement de commencer par celle-là: les sentiers pédestres sont de ce côté, de sorte que vous vous sentez moins pressé par le temps si vous arrivez là le matin); et une fois arrivé à l'autre bout, du côté Nord, le cycliste doit, ou bien faire 25 km pour revenir sur ses pas, à Holbrook, ou bien en faire 35 vers l'Est pour atteindre le motel le plus proche, à Chambers. Ca fait une grosse journée. Mais c'est une expérience unique en son genre qui vaut 1000 fois le détour. Merci à Josée Nadia d'avoir donné l'idée!