vendredi 16 mars 2007
La foret des arbres de pierre
Que voyez-vous sur cette photo? Des billots de bois? Bravo!
Mais avec une caractéristique étonnante: ils sont durs comme de la pierre. En fait, C'EST de la pierre.
Il y a 225 millions d'années, avant même l'apparition des dinosaures, alors que les continents actuels n'en faisaient qu'un, la région où je me trouve était au niveau de l'équateur. Il y poussait de très grands arbres, capables de concurrencer nos séquoias. Au gré des bouleversements sismiques et volcaniques, ces forêts ont disparu, comme le reste, mais une petite proportion des arbres a survécu jusqu'à nous: enfouis sous une couche de cendre ou de boue, l'eau s'est lentement infiltrée dans leurs milliards d'interstices, évacuant peu à peu toute matière organique.
Ce que je décris là est banal: c'est le processus de fossilisation que nous connaissons pour les ossements. Mais avouez qu'on n'est guère habitué de le voir pour les arbres! Et pourtant, au bout de ce processus, tout comme l'os de dinosaure est devenu semblable à de la pierre, l'arbre est devenu, littéralement, une roche.
Dans cette région de l'Est de l'Arizona, on trouve des millions de ces vestiges, allant du caillou qui tient dans le creux de la main jusqu'à des troncs d'arbres pratiquement complets. Et la plus belle partie de ces vestiges est devenue un Parc national: le Parc de la forêt pétrifiée. C'est un détour absolument fascinant.
A travers une route d'une trentaine de kilomètres, traversant le Parc du Sud au Nord, on croise des choses qui réjouiraient le coeur des amateurs de géologie. Les photos ne lui rendent pas vraiment justice.
Et ce n'est pas tout: ce parc national constitue en fait trois parcs en un. Bien que la partie la plus importante, incluant le centre d'interprétation (où il est aussi question de dinosaures: les paléontologues découvrent dans cette région de nouveaux fossiles pratiquement tous les mois!) et quelques sentiers pédestres, soit consacrée aux arbres pétrifiés, une petite section permet de voir de près des pétroglyphes, ces dessins dans la pierre attribués aux Indiens Pueblos qui vivaient ici dans les années 1300-1400 (cliquez sur la photo du haut pour voir les pétroglyphes).
Enfin, entre forêt et pétroglyphes, les mêmes phénomènes qui ont donné aux arbres pétrifiés leurs profusions de couleurs ont été à l'oeuvre dans le paysage.
A ce titre, les "falaises peintes" figurent dans une catégorie à part: ce sont des falaises qui virent littéralement du rouille à l'orangé suivant l'orientation du soleil.
Bémol: dans cette civilisation de l'automobile, on n'a manifestement pas pensé au cycliste (ou au piéton). Depuis Holbrook, la ville la plus proche, il n'existe ni autobus ni navette conduisant jusqu'au Parc. Le cycliste doit donc se taper 30 km pour aboutir à l'entrée Sud (je recommande personnellement de commencer par celle-là: les sentiers pédestres sont de ce côté, de sorte que vous vous sentez moins pressé par le temps si vous arrivez là le matin); et une fois arrivé à l'autre bout, du côté Nord, le cycliste doit, ou bien faire 25 km pour revenir sur ses pas, à Holbrook, ou bien en faire 35 vers l'Est pour atteindre le motel le plus proche, à Chambers. Ca fait une grosse journée. Mais c'est une expérience unique en son genre qui vaut 1000 fois le détour. Merci à Josée Nadia d'avoir donné l'idée!
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire