mardi 13 mars 2007

A l'assaut de la montagne

TROISIÈME ÉTAPE : LA GRIMPETTE

Vendredi 9 mars - De Mesa (Phoenix) à Payson : 121 km.
Mais surtout : de 300 mètres (1000 pieds) à 1500 mètres (5000 pieds) !

Josée Nadia: tu me demandes si j’ai gravi la montagne à ton rythme, c’est-à-dire tranquille, ou au mien, c’est-à-dire impatient d’en finir. Eh bien je suis monté à ton allure. Six, 7, 8 kilomètres à l’heure et si pas toujours sur la « granny gear » (la plus petite vitesse) du moins jamais très loin. Si j’avais essayé de monter à ma vitesse, mon coeur serait encore là-bas en train de battre furieusement sur le bord de la route 87.

Impressionnant, de grimper à 1500 mètres (5000 pieds). Mais si je l’ai fait, n’importe qui aimant le vélo peut le faire. Je ne suis pas spécialement entraîné, j’y ai mis le temps qu’il fallait et sur un banal vélo hybride à 250$. Avec en plus, dans le dernier tiers, un pneu arrière qui se dessouflait et que je devais repomper toutes les demi-heures.

J’avais aussi mis quelques chances de mon côté. Google Earth indiquait 144 km entre Phoenix (centre-ville) et Payson. En partant plutôt de Mesa, banlieue Est de Phoenix, je sauvais environ 25 km. Il aurait été possible d’en sauver autant en partant de Scottsdale, banlieue Nord-Est, mais les hôtels les plus près de la route 87 y sont hors de prix.

Mais j’ai commis une erreur. Parce que les panneaux, pendant les premiers kilomètres sur la route 87, indiquaient plusieurs villages avant Payson, j’ai compté sur une pause-dîner à un de ces endroits et je me suis contenté d’acheter un jus et une boîte de mini-muffins aux environs du 25e kilomètre (sortie Shea Blvd, à Fountain Hills). Or, de villages, il n’y en a eu aucun autre! Jamais des micro-muffins n’auront servi à autant d’énergie!

Le premier tiers du parcours a été le plus facile : du plat ou du faux plat ascendant. Et ça, c’est encourageant! On a beau savoir que tôt ou tard, ça va grimper plus abruptement, on regarde défiler les kilomètres sur le compteur et on se dit que même si la moyenne doit dégringoler à 6 ou 7 km/heure, on va tout de même arriver avant le coucher du soleil.

Au passage, une récompense pour l'oeil : enfin, des vrais cactus comme l'Arizona est supposée en avoir! Coudonc, cette variété ne pousserait-elle qu’à plus de 1000 pieds?



Puis, au deuxième tiers du parcours, la montée s’accentue. Je me mets à rêver du moment où je verrai apparaître, comme la semaine précédente, un panneau « altitude : 3000 pieds ». Mais une heure de grimpette passe, et je me mets plutôt à souhaiter que l’État d’Arizona n’ait jamais installé ce panneau : s’il faut que j’apprenne que je ne suis qu’à 3000 pieds après tout ce moulinage, je vais rager!

En fin de compte, il n’y aura que ce panneau-ci aux environs du 75e kilomètre, annonçant que ça y est, un sommet : 4565 pieds. 1380 mètres. Record battu! :-)

C’est suivi d’une descente d’une dizaine de kilomètres qui fait du bien par où ça passe : les mollets se reposent, le corps se rafraîchit. Mais le cerveau, lui, ce prophète de malheur, se souvient que Payson est à 5000 pieds et que tout ce que je suis en train de descendre, il faudra le remonter... et plus encore!

Une halte routière avec machines distributrices au 90e kilomètre : bénédiction! Le moment de recharger les batteries. Pas comme si c'était un vrai repas, mais faudra faire avec.

Reste un peu de plat jusqu’au village de Rye —pas vu de dépanneurs! Et tout de suite après, la finale : 18 km d’une dernière montée. Elle m'a pris plus d’une heure et quart! Ce qui n’empêche pas d’admirer, au passage, les montagnes... Tiens tiens, là-bas, sur ma gauche, ne serait pas de la neige au sommet?

Enfin, Payson.

A ce moment, je ne sais pas de quoi l’étape suivante sera faite, mais j’ai l’impression d’avoir réussi le pire : 4000 pieds d’ascension (contre 2000 le lendemain) et 121 km (contre 79). Est-ce que ça valait la peine de fournir tout cet effort juste pour aboutir à une ville de services de 15 000 habitants perchée dans les très anonymes Monts Mazatzal? Si vous aimez beaucoup le vélo, vous savez intuitivement que, oui, ça en valait la peine. :-)

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