S’il y a une chose qui distingue le Nouveau-Mexique de l’Arizona, c’est que le mélange des trois cultures est censé y être plus fort encore : culture hispanique, culture d’origine britannique, et culture amérindienne.
Les Amérindiens, en particulier, y sont plus présents, si on se fie aux chiffres : les Navajos, à eux seuls, sont 175 000 en Arizona et au Nouveau-Mexique. En ajoutant à cela les autres nations, dont au premier plan les Pueblos, qui étaient là plusieurs siècles avant les Navajos, le Nouveau-Mexique se trouve à abriter la quatrième plus importante population autochtone des États-Unis -lui qui compte moins de 2 millions d'habitants.
Mais ces chiffres sont trompeurs. En réalité, dans les villes traversées (Gallup et Grants), de même qu’à Albuquerque, on les voit relativement peu, les Amérindiens... Certes, le touriste les remarque davantage quand ils sont itinérants ou mendiants. On en voit évidemment beaucoup qui, sur la grande place de Santa Fe ou d'Albuquerque, vendent des bijoux ou de l'artisanat « indien ».
Une curiosité: au restaurant de Gallup -la ville est à quelques kilomètres des limites de la Réserve navajo- se sont succédés en une heure, pour proposer des bijoux ou de l’artisanat aux clients attablés, une bonne dizaine de vendeurs amérindiens, jeunes ou vieux. Les autres clients avaient l'air de trouver cela normal.
Mais soyons juste: on remarque aussi des physionomies qui semblent nettement amérindiennes parmi les jeunes qui vont au cinéma ou sur le campus de l'Université du Nouveau-Mexique (Albuquerque).
Il faut dire que les Navajos constituent un État dans l’État : ils ont une force démographique (ils sont 88 000 sur la Réserve navajo) et un poids politique (c’est le plus grand territoire autochtone d’Amérique du Nord) que leur envient les autres nations autochtones.
Mais jusqu'à quel point y a-t-il un vrai « mélange » des cultures, plutôt qu'une séparation? Leur capitale, Window Rock, n'est qu'à une quarantaine de kilomètres de Gallup. J’aurais voulu visiter, mais à vélo, le détour impliquait une grosse montée. A Gallup, je m’informe donc : y a-t-il un autobus vers Window Rock? Une navette? Une visite guidée? Rien du tout. Une visite organisée vers le territoire navajo? Pas davantage.
La nation voisine, celle des Pueblos, semble avoir mieux compris. Non seulement existe-t-il, au coeur d’Albuquerque, un très beau Centre culturel Pueblo...
... mais il existe aussi, à une cinquantaine de kilomètres, un village, Acoma Pueblo, dont ils essaient de faire un détour touristique incontournable (en tout cas, ça a marché avec moi!). Et ils ont pour cela deux attraits en or : d’une, c’est un site perché au sommet d’un piton rocheux, dominant le paysage à 2000 mètres d’altitude. Ils l’ont rebaptisé en 2004 « Sky City ». De deux, c’est, peut-on dire, la plus ancienne ville d’Amérique du Nord : le site a été occupé sans interruption depuis un peu plus de 1000 ans.
Le village entretenu comme site patrimonial...
... la visite, le centre culturel et musée situé au bas de la colline, l'environnement à des kilomètres à la ronde...
C'est très beau et c’est débordant de bonnes intentions. Si ça marche, ça pourrait être un modèle pour ceux qui parlent de « rapprochements culturels ».
Il y a à Santa Fe, à l’Institute of American Indian Arts Museum, une exposition portant aussi sur ce thème. C’est dominé par de l’art contemporain, de sorte que chaque visiteur y prend ce qu’il veut, mais l’élément le plus frappant est ce portrait d’un jeune homme appelé Tom Torlino, un Amérindien photographié en 1884 au moment de son entrée à la Carlisle Indian Boarding School. Six photos semblables mais qui, suivant l’angle où on les regarde, se transforment en un des descendants contemporains de cet homme : un vieux monsieur au teint clair avec un chapeau de cow-boy, une femme d’âge mûr à la peau foncée, une enfant aux traits indiens plus prononcés... C’est une belle illustration du « mélange » des cultures, quoi que ce soit que ça veuille dire...
lundi 19 mars 2007
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